Projet de pont routier entre Athis-Mons et Vigneux : les opposants remobilisent leurs troupes
L’association Athis-Pont non ! a tenu une réunion publique mardi soir en Essonne. Objectif : inciter les populations à participer à l’enquête publique en cours sur la révision du Sdrif-e. La commune voisine du Val-de-Marne, Ablon-sur-Seine se joint au mouvement pour protester.
Par Cécile Chevallier Le 8 février 2024 à 06h08
« À vous d’agir. » Après une manifestation en septembre dernier, place aux contributions. Mardi soir, l’association Athis-Pont non ! a tenu à Athis-Mons (Essonne) une réunion publique devant une centaine de personnes. Toujours opposée au projet de franchissement de la Seine entre Athis et Vigneux-sur-Seine via un pont routier de deux fois deux voies, elle incite les populations à participer à l’enquête publique en cours dans le cadre de l’élaboration du Sdrif-e (le schéma directeur de la région Ile-de-France environnemental).
Depuis le 1er février et jusqu’au 16 mars, chacun est amené à donner son avis sur ce document d’aménagement qui déterminera la localisation des grandes infrastructures de transports et des grands équipements pour les prochaines années. « Aujourd’hui, il inclut la création d’un pont routier entre Athis et Vigneux, indique Muriel Josselin, la présidente de l’association. Les quartiers de Mons et de la gare, sur le tracé de cet axe, sont donc particulièrement impactés par ce projet. Si une énième infrastructure routière allait changer la donne en Île-de-France, cela se saurait. »
Déjà des « petites victoires »
Athis-Pont non ! voit en l’enquête publique « une opportunité essentielle pour recueillir les observations des habitants » avant l’adoption définitive de ce schéma prévue pour l’été prochain. « Nous vous invitons à participer pour faire part de votre opposition », exhorte Gautier Conan, adjoint à Athis-Mons et membre de l’association.
Certains ont déjà entendu le message et déposent à la réunion publique leur contribution déjà remplie. L’association les remettra au commissaire-enquêteur, présent en mairie d’Athis-Mons le 6 mars prochain dans l’après-midi.
« N’hésitez pas à venir massivement, suggère Jean-Jacques Grousseau, le maire (PS) d’Athis-Mons. Pas pour le prendre à partie mais pour lui témoigner de votre opposition. Je vois que ce sujet mobilise, vous êtes très nombreux. Nous devons tout faire pour que ce projet ne voie jamais le jour. »
Pour l’élu et l’association, il y a déjà des « petites victoires ». « Après notre mobilisation, la Métropole du Grand Paris a exclu dans son schéma de cohérence territoriale (SCOT) tout franchissement routier sur la Seine entre Athis-Mons et Vigneux-sur-Seine, annonce Muriel Josselin. La vigilance reste de mise car il reste à l’ordre du jour du Sdrif-e, document qui prévaut sur tout le reste. »
Le département se concentre sur le prolongement de la ligne 18
Ce projet de pont, très ancien, a été exhumé par François Durovray (LR) lors de son élection à la présidence du conseil départemental en 2015. L’objectif étant de désengorger le trafic des ponts de Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). L’enquête publique menée en 2019 a suscité une forte opposition des deux rives de la Seine, en Essonne et dans le Val-de-Marne.
« Depuis 2020, nous avons deux éléments positifs, résume Jean-Jacques Grousseau. Trois ans après le vote d’un million d’euros pour des études, pas un centime n’a été encore dépensé. Il faut se mobiliser pour un franchissement, mais en transport en commun. »
C’est la position de François Durovray. Contacté par téléphone, le président du conseil départemental de l’Essonne confirme, comme il le disait déjà en septembre, que « pour le moment, stylo est levé concernant le projet de pont routier ».
« Ma priorité, ainsi que celle de mon homologue du Val-de-Marne, c’estle prolongement vers l’est de la ligne 18 du Grand Paris expressjusqu’à Montgeron (), confie-t-il. Nous avançons sur cette revendication : à la demande de l’Essonne et du Val-de-Marne, des études de faisabilité vont être menées entre Orly et Boissy-Saint-Léger. Des crédits pour le prolongement de ce futur métro ont été inscrits au contrat de plan État-Région 2023-2027. »
C’est « l’unique priorité » de François Durovray. Lors de la réunion publique de mardi soir, Athis-Pont non ! a clairement approuvé cette demande de prolongement. « Nous la soutenons sans ambiguïté », assure Jean-Jacques Grousseau.
Le projet de pont « intimement lié » au projet de port industriel
Outre le projet de pont, la réunion publique est revenue sur le projet de port industriel ressorti récemment des cartons. Haropa Port étudie la possibilité d’installer, sur une emprise de 20 ha, située à Vigneux-sur-Seine et en face de l’écluse d’Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne), un port industriel qui intégrerait une production d’hydrogène décarboné.
« Ces deux projets sont intimement liés, estime Ghislain Borrelly, conseiller municipal délégué aux aménagements à Ablon. Si ce port voit le jour, il sera affrété par 1 000 à 1 500 camions par jour, qu’il faudra bien faire évacuer quelque part. À Ablon, nous sommes fermement contre, ainsi que nos voisins de Villeneuve-le-Roi et de Villeneuve-Saint-Georges, tout comme le conseil départemental du Val-de-Marne qui a voté à l’unanimité en décembre dernier une motion contre ce projet de port. »
Ce sujet a réactivé l’association SOS bords de Seine à Ablon. « Ce n’est pas le combat d’un petit village gaulois, assure Claire, la présidente. À Ablon ou Villeneuve-le-Roi, tout comme Athis-Mons ou Vigneux, nous participons déjà à l’intérêt général en supportant beaucoup de nuisances, notamment par les survols d’avions. Nous ne voulons pas de projets qui vont apporter énormément de bruit et des pollutions à nos portes. »